Conservation

 
Depuis peu après la première saison de collecte de données sur le terrain, en 2008, le présent Atlas a servi à plusieurs objectifs de conservation, principalement en lien avec les catégories suivantes : espèces en péril, achat et établissement des priorités des terres consacrées à la conservation, aménagement des paysages et intendance des habitats, évaluation de l’impact environnemental, et renseignements aux fins de planification urbaine et de processus des traités.
 

État d’espèces en péril, rétablissement et protection des habitats

Le nouvel inventaire permet d’effectuer des évaluations plus éclairées de l’état de conservation des espèces. La base de données de l’Atlas est partagée avec le ministère de l’Environnement de la Colombie-Britannique et avec Environnement Canada en vue principalement de faciliter les processus d’évaluation des espèces, la planification du rétablissement et les désignations d’habitats de conservation.

Les données de l’Atlas des oiseaux nicheurs sont utiles au Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) dans le cadre de ses évaluations des espèces sauvages soupçonnées d’être menacées d’extinction au Canada. C’est particulièrement le cas pour les espèces plus répandues et plus nombreuses telles que la Paruline du Canada (Cardellina canadensis), le Moucherolle à côtés olive (Contopus cooperi) et le Quiscale rouilleux (Euphagus carolinus), car les données de l’Atlas sont parmi les rares sources de données uniformisées recueillies dans de vastes régions géographiques, et permettent donc de suivre l’évolution de la répartition et de l’abondance d’une espèce. Les oiseaux évalués par le COSEPAC à l’aide des données de l’Atlas comprennent les suivantes:

Grèbe élégant Aechmophorus occidentalis – Espèce préoccupante (2014)
Autour des palombes, sous-espèce laingi laingi subspecies Accipiter nisus laingi – Menacée (2013)
Courlis à long bec Numenius americanus – Espèce préoccupante (2011)
Effraie des clochers Tyto alba (Western population) – Menacée (2010)
Petit-duc nain Otus flammeolus – Espèce préoccupante (2010)
Petit-duc des montagnes, sous-espèce kennicottii Megascops kennicottii kennicottii – Menacée (2012)
Petit-duc des montagnes, sous-espèce macfarlanei M. k. macfarlanei – Menacée (2012)
Pic de Lewis Melanerpes lewis – Menacée (2010)
Hirondelle de rivage Riparia riparia – Menacée (2013)
Hirondelle rustique Hirundo rustica – Menacée (2011)
Martinet sombre Cypseloides niger – En voie de disparition (2015)
Moqueur des armoises Oreoscoptes montanus – En voie de disparition (2010)
Paruline polyglotte Icteria virens auricollis (population des montagnes du Sud) – En voie de disparition (2011)
Goglu des prés Dolichonyx oryzivorus – Menacée (2010)

Les recommandations du COSEPAC quant à l’état de conservation sont invariablement adoptées dans le cadre de la Loi sur les espèces en péril du Canada, ce qui met ces espèces sous la protection de la loi et lance la planification du rétablissement de l’espèce. Les données de l’Atlas jouent également un grand rôle dans le processus de rétablissement; notamment, elles indiquent l’emplacement des nids à protéger et les limites de l’habitat essentiel, et aident à établir les priorités en matière de gestion de la conservation. Dans le cas de plusieurs espèces en péril, les données de l’Atlas ont servi à guider les mesures prises par les responsables et gestionnaires de la conservation dans des aires importantes de nidification, surtout dans la région intérieure sud de la Colombie-Britannique. Les données de cet Atlas ont servi à délimiter les habitats et les emplacements géographiques importants et à éclairer la conception de plans de surveillance dans le cadre des processus de rétablissement du Pic de Lewis et de l’Effraie des clochers, et sont désormais appliquées au rétablissement des autres espèces ci-dessus.

L’échelle géographique des recherches réalisées dans le cadre d’un atlas est très utile pour corroborer des recherches plus limitées sur des espèces données. Dans le cas du Pic de Williamson (Sphyrapicus thyroideus), considéré « En voie de disparition » selon Loi sur les espèces en péril, cet Atlas a confirmé que la zone d’occurrence et la zone d’occupation de l’espèce en Colombie-Britannique sont demeurées inchangées depuis au moins 2007, ce qui a permis d’en estimer la population canadienne avec une certitude jusqu’alors inégalée et de confirmer le ciblage idéal des investissements en matière de conservation (Gyug et coll. 2014).

La Colombie-Britannique utilise couramment les données de l’Atlas dans le cadre du processus provincial d’attribution des états de conservation. À ce jour, jusqu’à une vingtaine d’espèces ont vu leur état de conservation légèrement modifié à la lumière des nouveaux renseignements recueillis par l’Atlas. Pour certains oiseaux tels que la Grue du Canada (Grus canadensis), les données de l’Atlas ont permis une évaluation plus éclairée de l’état de conservation, sans que celui-ci ne soit révisé.

Certaines espèces en péril à l’échelle provinciale figurant sur la liste rouge et sur la liste bleue pourraient avoir une aire de répartition ou une population qui dépasse les estimations passées, soit parce qu’elles sont en cours de rétablissement, ou parce que certaines régions manquaient de données avant la constitution de l’Atlas. Les espèces dont l’état de conservation pourrait faire l’objet d’une révision positive à la lumière des données de l’Atlas comprennent la Buse de Swainson (Buteo swainsoni), la sous-espèce anatum du Faucon pèlerin (Falco peregrinus), le Râle jaune (Coturnicops noveboracensis), la Paruline tigrée (Setophaga tigrina) et le Bruant de Nelson (Ammodramus nelsoni), figurant sur la liste rouge; et la Petite buse (Buteo platypterus), l’Hirondelle noire (Progne subis), la Paruline à gorge noire (Setophaga virens) et la Paruline du Canada, figurant sur la liste bleue.

Les données de l’Atlas, combinées aux résultats des recensements du Ministry of Forests, Lands and Natural Resource Operations (FLNRO), servent à appuyer la mise sur pied de zones d’habitat faunique (ZHF) à des lieux de reproduction connus du Bruant de Nelson ou à des lieux comportant des habitats très bien adaptés à la nidification de cette espèce. Ce bruant est une espèce en péril selon l’Identified Wildlife Management Strategy, ce qui permet, en vertu de la Forests and Range Practices Act (FRPA) et de l’Oil and Gas Activities Act (OGAA), de désigner des ZHF sur des terres de la province appartenant à la Couronne en vue de protéger des habitats limités ou des sites de reproduction importants. Les habitats de reproduction et autres habitats limités de cette espèce et de quatre autres espèces prioritaires des milieux humides du Cadre de conservation — le Râle jaune, le Bruant de Le Conte (Ammodramus leconteii), le Quiscale rouilleux et le Butor d’Amérique (Botaurus lentiginosus) — sont de plus en plus touchés par les activités entreprises dans le cadre de l’Oil and Gas Activities Act, dont le développement de puits et de canalisations et l’extraction d’eau.
 

Établissement des priorités de conservation et d’achat de terres

Le premier rapport sur L’état des populations d’oiseaux du Canada (ICOAN Canada 2012) s’appuyait largement sur les données amassées par l’Atlas partout au pays pour mettre en lumière les enjeux et les groupes d’oiseaux qui soulèvent des préoccupations importantes en matière de conservation au Canada.

Les données de l’Atlas ont couramment servi à la création de plans pour les régions de conservation des oiseaux – des régions distinctes sur le plan écologique, définies par des communautés d’oiseaux, des habitats et des enjeux de gestion des ressources similaires (p. ex. Rickbeil et coll. 2013). Les régions de conservation des oiseaux sont des unités de gestion de la conservation qui guident la création des plans de travail des agences de gestion fédérales au Canada, aux États-Unis et au Mexique dans le cadre de l’Initiative de conservation des oiseaux de l’Amérique du Nord. L’objectif global de l’Initiative est la protection, le rétablissement et l’amélioration des habitats et des populations des oiseaux d’Amérique du Nord, par l’entremise d’efforts qui sont coordonnés aux niveaux international, national, régional et local et sont guidés par des principes scientifiques solides et une gestion efficace.

Sur une échelle plus locale, les ensembles de données de l’Atlas sont de plus en plus prisés et utilisés pour déterminer des terrains destinés à l’achat ou à la gestion ou à la servitude de conservation. En Colombie-Britannique, Conservation de la nature Canada (CNC) et le Nature Trust of British Columbia (NTBC) sont deux organismes qui emploient les données à cette fin; CNC le fait également dans d’autres régions, dont l’Ontario et les Maritimes.
 

Aménagement des paysages et intendance

En combinant les données sur l’abondance et l’aire de répartition de l’Atlas, on peut déterminer des sections d’habitat et de paysage où l’on trouve des espèces ayant besoin de protection. Ces données peuvent également révéler des points névralgiques ayant une grande diversité aviaire, y compris possiblement plusieurs oiseaux prioritaires et en péril. Les « bastions » d’une espèce précise et les carrefours d’espèces peuvent alors être ciblés par des efforts de conservation, notamment l’acquisition de terres ou, plus important encore, l’intendance par la gestion publique et privée des terres. Un excellent exemple d’un tel processus est la manière dont l’ensemble de données de l’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario (Cadman et coll. 2007) a servi à situer et à délimiter des carrefours de conservation d’oiseaux soupçonnés, mais auparavant non confirmés dans la zone de transition entre le biome du Saint Laurent et des Grands Lacs et le biome du sud du Bouclier canadien. Selon le travail réalisé, il semble que l’analyse des carrefours d’espèces et de leurs limites soit en mesure de suivre rapidement et d’anticiper l’évolution des caractéristiques environnementales et de l’aire de répartition des espèces sous l’effet de divers facteurs, dont les changements climatiques et les perturbations causées par l’être humain. Cela permet de guider les mesures de gestion et la planification à long terme (Polakowska et coll. 2012).

En Colombie-Britannique, nous avons modélisé les données des points d’écoute de l’Atlas à l’aide d’un krigeage multi-espèces, pour mieux déterminer les régions présentant une forte diversité et une grande abondance d’espèces en péril et d’espèces prioritaires de cette région de conservation des oiseaux. Les résultats de ce projet pilote de validation de principe peuvent être consultés ici.

La Louisiana Pacific Canada Ltd. a appliqué les données et les préférences d’habitat des espèces de l’Atlas pour concevoir des stratégies d’exploitation forestière dans ses zones d’autorisation de coupe du nord-est et du sud-est de la Colombie-Britannique. Cela s’inscrit dans le cadre d’un projet plus vaste visant à appliquer les données de l’Atlas canadien des oiseaux nicheurs à la gestion des forêts pour protéger les espèces en péril et les ressources en matière de biodiversité, conformément aux normes de certification des forêts de la Sustainable Forestry Initiative.

Le Babine Watershed Management Trust utilise les données de l’Atlas pour évaluer l’efficacité de la rétention des arbres feuillus suite à la coupe et de la structure de maintien de la biodiversité dans ce bassin versant du nord de la Colombie-Britannique.

En partenariat avec le Conseil national de recherches et d’autres parties, le Nature Trust of British Columbia utilise les données de l’Atlas pour concevoir un plan de gestion à l’échelle du paysage pour une série de propriétés consacrées à la conservation dans le bassin du lac White (région de l’Okanagan Sud). Son but est de préserver des écosystèmes de prairie naturelle et d’eau douce servant d’habitat à des espèces en péril, tout en permettant de l’élevage au sein d’une biodiversité viable dans un paysage contigu de grande superficie.
 

Évaluation de l’impact environnemental

Les évaluations fédérales et provinciales de l’impact environnemental prescrites par les lois et les cadres réglementaires pertinents font couramment appel aux données des atlas des oiseaux nicheurs. Riche de plus de 16 500 nouvelles mentions d’espèces rares ou sensibles, l’Atlas des oiseaux nicheurs de la Colombie-Britannique constitue une base de données indispensable à tout projet de développement proposé, en vue de connaître et d’éviter les risques réglementaires, de guider toute modification aux plans de construction, et de déterminer quelles espèces ou quels habitats devraient faire l’objet des études futures. Les données de l’Atlas offrent également un contexte et un niveau de référence permettant d’évaluer les conséquences à long terme de ces projets sur les espèces et les communautés d’oiseaux après leur achèvement. De nombreux promoteurs de projets de développement et leurs consultants ayant réalisé des études sur le terrain durant la période de collecte des données de l’Atlas ont ajouté leurs propres données à celles recueillies par les bénévoles. Les projets de développement comprenaient notamment le réalignement des routes et la création de subdivisions, la transmission, l’établissement de canalisations, l’exploitation minière, et la construction de barrages et de parcs éoliens.

Voici plusieurs des projets s’étant appuyés sur les données de l’Atlas:

  • Propositions d’exploitation du gaz naturel liquide à l’île Digby, la pointe Grassy, l’estuaire de la Kitimat et le chenal Douglas (côte nord).
  • Site d’une mine de charbon proposée à Crown Mountain, dans les Kootenays.
  • Initiatives des mines de charbon de Sukunka et de Gething de la rivière de la Paix – région de Tumbler Ridge.
  • Propositions de développement de l’énergie éolienne Taylor et Sundance, dans le bassin versant de la rivière de la Paix, près de Tumbler Ridge.
  • Gazoducs dans le bassin versant de la rivière de la Paix, vers l’ouest jusqu’à Kitimat.
  • Développement de terminaux portuaires à Roberts Bank (estuaire du Fraser), à l’inlet Burrard (port de Vancouver), et au port de Prince Rupert.
  • Sélection de sites pour des raffineries de gaz naturel, dans le nord de la Colombie-Britannique.
  • Évaluation de l’habitat de nidification du Cygne trompette à proximité de puits de gaz naturel, dans le bassin de la rivière Fort Nelson.

Plusieurs projets proposés dans le sud de la région de la rivière de la Paix, en Colombie-Britannique, ont fait l’objet d’une évaluation des effets cumulatifs (EEC) d’Environnement Canada sur les oiseaux terrestres – un processus de modélisation qui estime les effets cumulatifs, additifs et combinés de plusieurs perturbations naturelles et anthropiques sur les écosystèmes.
 

Planification urbaine et processus sur les traités relatifs aux territoires traditionnels

Un échantillonnage intensif aux points d’écoute, effectué en 2012-2013 selon les protocoles de l’Atlas (y compris les points d’écoute indiqués par l’Atlas), a permis la création du premier atlas des oiseaux urbains de la Colombie-Britannique, pour la ville de New Westminster (Butler et coll. 2015). Cet atlas contribue à la planification des espaces verts dans cette ville.

La ville de Surrey a emprunté les données d’Atlas sur l’emplacement des nids, a appliqué des zones tampons appropriées selon les pratiques exemplaires de gestion, et a inscrit ces données dans son application COSMOS de cartographie Web, afin que la planification et le développement urbain tiennent compte des nids connus de certaines espèces telles que le Grand héron, le Pygargue à tête blanche et le Balbuzard pêcheur.

La base de données de l’Atlas a également été consultée en quête de données sur la faune pouvant guider les négociations sur les traités relatifs aux territoires traditionnels d’au moins deux Premières Nations de la Colombie-Britannique.
 

Références:

Butler, R.W., A.R. Couturier, E. Jenkins and C. McKenzie. 2015. New Westminster Breeding Bird Atlas 2012-13. British Columbia Birds 25: 17-39.

Cadman MD, Sutherland DA, Beck GG, Lepage D, Couturier AR (eds). 2007. Atlas of the breeding birds of Ontario, 2001–2005. Bird Studies Canada, Environment Canada, Ontario Field Ornithologists, Ontario Ministry of Natural Resources, and Ontario Nature, Toronto.

Gyug, L.W., J.M. Cooper, and C. Steeger. 2014. Distribution, Relative Abundance and Population Size of Williamson’s Sapsucker in Southcentral British Columbia. British Columbia Birds 24:9–19. First published on-line October 2013.

Polakowska, A.J., Fortin M-J., and Couturier, A.R. 2012. Quantifying the spatial relationship between bird species’ distributions and landscape feature boundaries in southern Ontario, Canada. Landscape Ecology 27:1481–1493. DOI 10.1007/s10980-012-9804-6

Rickbeil, G.J.M., N.C. Coops, M.E. Andrew, D.K. Bolton, N. Mahony, and T.A. Nelson. 2013. Assessing conservation regionalization schemes: employing a beta diversity metric to test the environmental surrogacy approach. Diversity and Distributions 1-12.

North American Bird Conservation Initiative (NABCI) Canada. 2012. The State of Canada’s Birds, 2012. Environment Canada, Ottawa.

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